Quelques écrits de Jim ....

Il s'agit d'extraits de l'abondante production écrite de Jim.
Certains des textes ont fait l'objet d'une traduction, d'autres été écrits directement en français par Jim , ce qui peut expliquer certaines tournures
grammaticales ou anglicismes.
L'ensemble de ces écrits fait actuellement l'objet d'un travail de recherche.

Les bienfaiteurs ne poussent pas sur les arbres


Interview pour l'exposition Mill Gallery


James Patrick Leon dit Jim Leon


Conférence à l'école des Beaux Arts de Lyon (14 mars 1989)


Billets-doux...


Cours de dessin


L'arbre ou la maison rêvée (fichier pdf)



























LES BIENFAITEURS NE POUSSENT
PAS SUR LES ARBRES


Depuis l’enfance, les gens m’ont toujours regardé comme un artiste créatif, Quelqu’un qui possédait un don spécial. Durant plus d’un demi-siècle, cela m’a donné une excuse parfaite pour paresser la plupart du temps, juste faire ce que je veux, quand je veux, à mon propre rythme.
Bien sûr comme tous les autres, à certaines périodes, j’ai pris mon art et moi-même très au sérieux et j’ai également travaillé très dur, essayant de donner le meilleur, ce qu’on peut appeler «mon code d’honneur » et les résultats ont connu une certaine popularité, aussi tout naturellement, cela me plaisait et m’a appris le respect de moi-même, la confiance en soi et la prise de conscience de l’énorme responsabilité d’être auteur d’un travail sacré de communication, avec en but final de s’adresser aux siècles futurs. Cela implique une moralité sans faille.
M’étant fixé des objectifs élevés, non pas en ce qui concerne l’ambition sociale, j’ai connu de nombreux hauts et bas. Je crois que c’est ma paresse objective qui m’a le plus aidé à tenir, ça et le simple fait de reconnaître que les mondanités ne font pas partie de mon rôle, me pousse à fuir. Un panier de crabes comme on dit en français.
C’est la principale raison qui me pousse à préférer l’obscurité de la province, l’oubli quand la mode est passée, une certaine liberté que l’on ne trouve que rarement dans une capitale, m’est chère, O combien frustrante puisse-t-être ma position parfois.
La précarité de ma situation ne me permet pas d’avoir un atelier à moi, assez grand pour mettre en œuvre les projets en suspens depuis des années, ni avoir les moyens d’acheter le matériel nécessaire pour remplir le type d’atelier que j’aimerais avoir, et qui coûterait une fortune.

Mais les commérages journalistiques vont bien et l’image qu’ils ont construit au fil des ans est celle d’un sauvage, marginal, artiste Anglais avec du goût pour les femmes, la picole et les drogues. Tout ça ne passe pas bien dans une ville de province comme Lyon, je crois.
La bourgeoisie lyonnaise m’évite et je l’évite.

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Interview pour l'exposition Mill Gallery
(exposition du 24 février /15 mars 1994)

Un curriculum vitae complet et détaillé, si je pouvais me souvenir de tout, serait aussi pléthorique et superflu, qu’ennuyeux à lire.

Ceci étant, ce sera la première fois que j’expose à Birmingham*, depuis le 14 juillet 1960, au Consulat de France , juste avant d’aller vivre en France , plus ou moins de façon permanente.

Je peux vous donner, en je l’espère, quelques brefs paragraphes, une idée de qui est ce type qui accroche ses gribouillis sur les murs de la galerie de Steve Maddox. Un brummie (équivalent de « gône » pour les natifs de Birmingham)anglo-écossais élevé dans les ruines laissées par les bombardements dans le quartier de Hockley ; études secondaires à Handsworth Grammar School, puis l’école des Beaux-Arts de Birmingham, expulsé en 1957 pour indiscipline, absentéisme et autres. J’ai dû me mettre à peindre des fresques dans les « coffee-bar » et des Vierges à l’enfant, manière Kitch pour les prostituées qui furent mes amies et mes bienfaitrices. Puis je me suis marié avec une française, et ce fut la fin de ma carrière à Birmingham, nous nous sommes installés à Lyon en 1960, et depuis, cette vieille cité, ce labyrinthe m’a, en quelque sorte, capturé.

Lyon est une ville très ancienne, un labyrinthe , traversée par deux fleuves, le Rhône et la Saône, mâle et femelle, et une plus petite la Rize, ils coulent entre deux collines, une Romaine, devenue depuis ecclésiastique, l’autre Gauloise, et qui garde le souvenir de la tragique révolte des ouvriers de la soie au siècle dernier.
Juste au sud du centre ville, il y a le confluent des deux rivières, ajouter à cela l’atmosphère très particulière qui donne de vraiment belles qualités à la lumière, et on peut comprendre la grande fascination que m’a procuré cet endroit et qui ne m’a pas quitté.

Sans oublier, une culture riche, la cuisine qui est fantastique, les femmes et le vin.

C’est dans cette ambiance que mon engagement artistique s’est développé, ambiance provinciale, mais où il est plus facile de se débrouiller, pour qui a connu une expérience parmi les ambitieux.
Je préfère la sincérité intacte, que l’on retrouve toujours auprès des créateurs, tout aussi brillants et intelligents, mais plus humbles dans leurs aspirations sociales, appréciant davantage les grâces accordées par la vie. La pression sur les artistes y est évidemment moins forte.
Je préfère aussi que l’on regarde mon travail pour ce qu’il est, en dehors des courants, des modes et des tendances.
Quelque il en soit, je suis devenu un artiste Lyonnais.

Dans les années soixante, un dynamisme certain prévalait, qui donnait lieu à des échanges d’expositions de groupe entre les villes et même les pays, ce qui donnait de bonnes opportunités aux jeunes qui voulait montrer partout leur travail et, qu’ils en tirent profit ou non, c’était stimulant.
Apparemment, mon travail était bien apprécié et même recherché, aussi j’ai exposé dans un grand nombre d’endroits, certains très importants, ce qui m’a valu un certain renom, un prix aussi « le prix de la jeune peinture du Sud-Est » qui nous permit de régler 3 mois de loyer et un bon repas au restaurant, ce fût aussi l’occasion de quelques coupes de champagne à l’œil.

Au cours des deux décennies 60 et 70, je me suis aussi impliqué dans le théâtre, créant des décors et costumes pour des metteurs en scène comme Planchon à Villeurbanne et à Paris, Maréchal à Lyon et à Marseille, un ballet avec Biaggi à l’Opéra de Lyon ; puis un conte de fées au cinéma, réalisé par Jacques Demy. Parce que dans la plupart des cas, les budgets permettaient une honnête liberté de création, c’était très sympa dans l’ensemble, même si la création collective avec ses évidentes limites, peut porter sur les nerfs, comparée avec les possibilités illimitées de la représentation sur une toile ou une feuille de papier, sur lesquels un individu unique laisse son empreinte.

Aussi j’ai tourné le dos au théâtre et au cinéma et je suis reparti pour vivre en Angleterre, quelques années à Londres où j’ai collaboré à des publications « underground » telles que OZ, I.T. , Friends, The Berkeley Barb à San Francisco où j’ai aussi vécu quelques temps, et là, j’ai pris du bon temps, heureux de voir mon travail reproduit à 90.000 exemplaires, touchant des hordes de gens, au lieu de le voir disparaître dans l’intimité d’un salon bourgeois ( d’une cave) perdu pour toujours, jusqu’à ce que j’aie cassé ma pipe et que la spéculation commence. Malheureusement pour la civilisation, ainsi va le monde. Cela n’a rien de prétentieux ou présomptueux, je parle d’expérience.

Ensuite je fus rappelé à Lyon en 74 par une galerie et depuis, bien qu’il me soit arrivé de quitter cette ville pour TOUJOURS , au moins une demi douzaine de fois, j’en suis resté un résident pour la majeure partie de ma vie.

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James Patrick Leon dit Jim Leon (1er mai 1984 )


Dans mon cas, le processus de l'élaboration de chaque tableau est long et ardu, même si l'exécution donne l'impression d'avoir été rapide.

Pour chaque heure de travail effective sur la feuille ou la toile, il y a des dizaines, parfois des centaines d'heures de réflexions, de recherches et presque toujours de torture mentale.

« Tu engendreras dans la douleur » vaut aussi bien aux artistes, de quelque discipline que ce soit, qu'à Eve.
Dans le détail, quand on travaille sur une aquarelle ou un dessin, on est assis, les yeux à quarante centimètres de la feuille, le matériel à portée de main, l'activité se trouve dans la poignée et la danse est plus mentale que physique.
Par contre la danse, tout aussi mentale, devant une toile s'exprime par l'utilisation de tout le corps.
Pour moi, l'essentiel est qu'il faut que « ça » danse, que je sois entraîné dans l'esprit et dans le corps.

Lorsque, à cause de difficultés dans la vie privée, je n'ai pas envie de faire des pirouettes de clown devant une vierge de feuille ou de toile blanche comme neige, je pose les pinceaux que j'échange pour la vie contemplative, en silence ou dans un bar (ce comportement m'a valu une réputation de fainéant, ce que je ne répudie pas et dont je me fiche – n'ayant à me justifier que devant Dieu).

Dans chacune des œuvres, j'essaie de présenter une idée nouvelle et la plupart sont des hommages à mes héros et mes bien-aimés, les mystiques et les passionnés, souvent qui ont subi la bêtise du monde, aux femmes que j'ai aimées et surtout, à Dieu.

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billets-doux ...

Le 1er mai 1973 l’aube s’annonce avec le renoncement du monde, l’abandon de ce moi éphémère si précieusement ouvragé - et le saut dans le vide à l’intérieur de soi-même, sans parachute, nu : et, miracle, c’est l’Ascension, la lumière Eternelle, le Ciel, les Anges, tout le bastringue quoi !
Au retour de cet indescriptible voyage au-delà de l’espace/temps, l’ange/singe se retrouve dans un monde gouverné par la frayeur et les tabous, où l’expérience de la « première mort » s’avère être incommunicable.
Alors il ne lui reste plus qu’à faire le pitre, élaborer des billets - doux, des rêves /symboles, des reflets/réminiscences de notre origine et notre but. Entre Lumière et Lumière il reste pendant un petit temps des tracées dans la neige.

Jim Leon, 8 décembre 1979

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